L’Amour est dans le prés
Rassurez-vous, nous n’avons pas batifolé dans de vertes prairies …
Nous avons, par contre, bien connu l’allure de près, tout au long de la traversée (16 jours sur 20)
Nous avons tracé de grands zigs et de petits zags pour éviter le vent de face.
Tantôt gîtés sur bâbord puis sur tribord, nous avons escaladé les montagnes de vagues de gauche ou de droite.
Jamais droits, sauf un jour au moteur (JOUR DE LESSIVE) sur une mer d’huile, nous avons affûté notre sens de l’équilibre.
Jamais tout à fait secs, les paquets de mer incessants, nous donnaient le goût du sel.
Tout seul, mais accompagné
Nous sommes partis à 4 bateaux du mouillage de Deshaies en Guadeloupe.
Très vite, chacun a suivi sa route et les écarts se sont creusés jusqu’ à nous perdre de vue.
Mais régulièrement, avec Tagada, Mayola, Tea, puis Volubilis, rejoint en cours de route, nous avons échangé par Iridium.
Chacun donnait sa route, sa météo, ses galères.
Nous avons compati à la voie d ‘eau de Tea, le beau Pogo 12,50, qui l’a obligé à revenir sur ses pas, au problème d’énergie de Tagada qui nécessitait de barrer, au problème de pilote de Mayola, à la météo plus ou moins compliquée de chacun.
C’était chouette d’être seul au milieu du désert de l’océan et connecté malgré tout …
Vacants, mais toujours occupés
Vivre en mer, c’est vivre à un autre rythme qui est bien difficile de vous faire partager.
Ce sont des journées très rythmées par les quarts, les besoins de première nécessité, les rituels qui nous accompagnent.
On oscille entre les moments de grand calme, où l’on admire le spectacle grandiose de l’océan toujours renouvelé et les speeds où l’on doit réagir très vite.
Le vent qui change et l’électronique qui fait bip bip quand le pilote débraye, nous maintiennent dans un climat de vigilance permanent.
Quelques bonnes frayeurs
Comme toute traversée de l’Atlantique, le bateau a subi bien des contraintes et a souvent lâché de fatigue.
Première frayeur au bout de deux jours de mer, le pilote, puis l’ensemble du système électronique cessent de fonctionner. Privés des données essentielles pour la navigation et sans le goût de barrer à longueur de temps, nous décidons de revenir vers les Antilles.
Mais Gilles et Fabien ne s’avouent pas vaincus. Ils démontent le vérin, puis vérifient une par une toutes les connexions électriques. Les problèmes sont identifiés, puis réparés.
Ouf, nous pouvons reprendre notre route après 5 heures de détour seulement.
Le problème du réseau électronique demeurera pourtant et plus de 25 alertes nous maintiendront en éveil jour et nuit. C’était finalement un petit bout de câble bleu déficient qui mettait la panique dans tout le réseau.
La seconde alerte eu lieu à 3 H 30 du matin, bip de l’alerte, puis Fabien qui nous lève en disant « plus de barre, plus de barre ».
Le capitaine nous annonce l’avarie grave, les voiles sont affalées, le bateau se met à l’envers, on se laisse dériver vers le milieu de l’océan.
Avant d’alerter les secours, les deux ingénieux démontent, vérifient, puis trouvent l’écrou du vérin dévissé qui coince la barre !
Nous repartons bon pied bon œil, dans le bon sens cette fois.
Adieu, douce chaleur …
Revenir en métropole, c’est abandonner les chauds rayons du soleil. Alors, nous avons progressivement quitté shorts et polos pour enfiler vestes et salopettes de quart, chaussettes néoprène puis bonnet de chaude laine.
Le près nous fait aussi le bonheur des embruns et le pont est toujours immergé sous les litres et les litres d’eau de mer. Nous avons donc 85 % d’humidité et changer de vêtements pour des vêtements plus humides encore n’est jamais un merveilleux moment !
Terre en vue !
Enfin au petit matin, au bout de 20 jours et 13 heures, les Acores nous montrent le bout de leurs falaises. Enfin moi, je me suis écroulée de fatigue, alors je n’ai rien vu !
Mouillage devant le port d’Horta pendant 3 jours. Pas le droit de quitter le bord, nous sommes ravitaillés par le célèbre Café sport Peters. Duarte et Philip, trop gentils, font la tournée des bateaux jusqu’à 2 heures du matin pour livrer tout le monde.
Comments (11)
Merci,
ça vaut tous les bouquins du monde, car ces mots se sont ceux que vous avez vécus
Comme vous nous l’avez dit au téléphone, ce n’était pas un retour des plus agréable, mais ce vécu là c’est le vôtre et restera dans vos pensées pendant longtemps, et certainement que d’autres anecdotes, d’autres images viendront encore titiller vos souvenirs .
Re merci Rose et Gilou, merci pour ce partage
Bises
Bravo pour ce retour…sur ce trajet il y a toujours des galères. le près n’est pas anodin pour le bateau, le matériel, et l’équipage. Bravo donc à vous pour avoir vécu ces difficultés “debout”.
Votre récit respire le vrai; et chacun retrouve des impressions déjà vécues. Merci de nous avoir fait revivre avec acuité des instants si précieux.
Profitez de Peter, et des autres restos, n’oubliez pas son fabuleux GIN DO MAR…
Visitez l’île, les autres et profitez bien des Açores..
Amitiés
Sylvie et Jacques-Louis
Hello Sylvie et Jacques Louis
Nous aurons admiré Horta de loin. Deux gardes nous surveillent jour et nuit à la marina et au mouillage nous n’avons même pas le droit de mettre l’annexe à l’eau. Dans les autres mouillages, la police maritime raccompagne immédiatement les bateaux avant qu’ils aient mis l’ancre.
Le responsable de Punta del Gada a été très clair:” rentrez chez vous “! Après les montées du racisme anti blanc en Martinique et Guadeloupe, on n’est pas les bienvenus ici non plus.
Je pense que nous commençons à voir les conséquences du COVID;
Des bises
Bonjour,
Content de voir vos grands sourires !! Pas de chance vraiment : un anticyclone sur tout l’atlantique et très nord – des vents d’Est, NE, N…pile sur la route :-(( Allez courage avec de bonnes jumelles vous pourrez bientôt voir les tours de La Rochelle !!! Bises
Hello Philippe,
Oui l’océan n’est pas clément et nous plaignons ceux partis il y a quelques jours qui doivent être en pleine dépression maintenant. Alors nous on attend sagement ! Tous à vos fichiers GRIB
Des bisous
Whaou ! Que de péripéties…. Contente de vous savoir à bon port. Cette traversée sera mémorable, quelle belle aventure, merci de nous la partager. Hâte de vous entendre en parler de vive voix. A très vite. Gros bizoux
Merci ma copine !
Retour au mouillage, on est maintenant devant les pécheurs, à défaut de descendre, on change de perspective !
La météo devrait s’ouvrir vers le 18, on patiente sagement
Des bisous, hâte de vous retrouver à Oléron !
Waou quelle aventure et que de péripéties, le retour m est apparu plus costaud. Merci en tout cas pour votre blog, et de nous faire partager tous ces moments. En période de Corovid cela me parait un témoignage encore plus fort. Icibtemps maussadexet froid après un temps estival anormal. Ou va le climat aussi? Bises à tous les 2.
Hello Pascale
Merci de ton gentil commentaire. On se prépare à repartir mercredi. On a hâte !
Des bises
Salut mes marins,
Un bonheur de vous lire, on sent la forces des éléments qui fouettent et caressent tout à tour.
Bravo et merci.
A bientôt.
Sylvain
Merci Sylvain de ton message
Ici il fait froid et gris, toujours bloqués à bord on attend avec une très grande impatience la fenêtre météo de mercredi
À bientôt bises